La gifle ~ Christos Tsiolkas

Ou comment une gifle, donnée à un sale gosse, va influer sur une dizaine de vies et me laisser complètement perplexe...


Nous sommes à Melbourne. Lors d'un barbecue entre amis, Harry gifle un enfant qui n'est pas le sien, un petit garnement un peu trop vif qui menaçait de blesser son fils. Cet incident qui, il y a quelques années, serait passé inaperçu, va se transformer en véritable scandale dans ce petit cercle d'amis. A travers une dizaine de personnages, entre autres l'auteur de la gifle, la mère de l'enfant et leurs familles, l'auteur va nous décrire les incidences de cet acte sur leurs vies respectives.


"Provocant, urgent, impitoyable, un roman coup de poing, une révélation dans la lignée d'un Don DeLillo ou d'un Jonathan Franzen." Oui c'est ce qu'on nous promet avec la lecture de ce livre...

Et bien nous en sommes loin. C'est assez rare que j'abandonne un livre en cours de lecture. J'ai refermé celui-ci après en avoir lu un peu plus de la moitié. Ni révélation, ni gifle, ni coup de poing, juste un énième roman qui relate des histoires de couples, de familles, qui dépeint une société qui, entre racisme et violences physiques, n'est pas rose (wouah quelle découverte). Rajoutez un petite pointe de sexe et vous arriverez à un bouquin n'a vraiment pas grand intérêt.

Les personnages sont tous détestables, aucun ne m'a semblé digne d'intérêt. On nage en plein clichés : le sale môme tellement materné que sa mère, elle-même maltraitée par son mari alcoolique et artiste raté (ou vice versa), continue d'allaiter alors qu'il a 4 ans ; le type à qui tout réussi qui fume ses joints autour de sa belle piscine, qui trompe bien sûr sa femme et profite de ses cinq à sept pour sniffer un peu de coke avec sa maîtresse et finit par gifler un gosse ; les aborigènes qui, pour couronner le tout, sont convertis à l'islam histoire de montrer que oui, la société australienne renie non seulement les aborigènes mais en plus elle est islamophobe (sans blague)...

Alors oui, c'était peut-être le but de Tsiolkas : nous mettre devant les yeux une réalité qui dérange. J'ai envie de dire "Pourquoi pas ?" mais tout dans ce livre sent le déjà vu.

Grosse déception donc...


"La confiance, ça se limite à la famille. Point barre. Et encore, pas toujours."


La Gifle, de Christos Tsiolkas
Chez Belfond
480 looooongues pages


A suivre :


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Mille morceaux ✮ James Frey

Ou la fausse confession d'un junky qui veut s'en sortir...


James (Frey) se réveille dans un avion, le tête défoncée au propre comme au figuré, sans argents, sans papiers. Il ne sait pas d'où il vient, encore moins où il va. James a 23 ans, il est alcoolique, drogué et délinquant... depuis dix ans.

Deux possibilités s'offrent à lui : continuer de se détruire et mourir ou accepter d'être conduit dans un centre de désintoxication et vivre. Il choisira la seconde option.

Dans cette "autobiographie", James Frey nous relate sa vie dans le centre. Les personnages hauts en couleur qu'il y rencontre, les amitiés qu'il va nouer, l'amour qu'il va croiser. Mais aussi l'enfer du sevrage, le découragement, cette envie irrépressible de boire, de fumer du crack...


J'ai découvert James Frey avec L.A. Story, lu et adoré il y a quelques semaines de ça. Tellement adoré que je me suis ruée sur Mille morceaux en l'apercevant sur les étagères de la bibliothèque. En plus d'une réelle envie d'en lire plus de cet auteur, la curiosité m'a aussi poussé à ouvrir ce livre qui a suscité une véritable polémique aux Etats-Unis lors de sa sortie. 

James Frey, qui rencontrait beaucoup de difficultés pour faire éditer ce livre, a décidé de le présenter comme une autobiographie, le récit brut d'une expérience réelle. Son passage dans l'émission d'Oprah Winfrey dans laquelle il relate cette histoire qu'il s'approprie totalement lui a d'ailleurs valu d'être porté aux nues par les médias américains.

Quelques mois plus tard, un site internet découvre la supercherie et la rend public. Oprah réinvite alors Frey pour le livrer à un lynchage public. A tel point que des lecteurs ont souhaité obtenir des dommages et intérêts suite à cette tromperie...

James Frey - Photo : André Pichette, La Presse

Je ne m'attarderai pas plus longtemps sur cette polémique. Si en effet ces agissements ne sont pas tout à fait conformes au code de déontologie auquel les auteurs devraient se soumettre (j'ai dit devraient), on les oublie vite dès lors que l'on ouvre ce livre.

Il s'en dégage une force, une souffrance et une rage incroyable. Le récit est d'une dynamique rare, notamment grâce au style de James Frey, grand avare de ponctuation (les dialogues ne sont pas mis en formes).

Plus que le récit d'un sevrage, c'est une véritable lutte contre soi-même que décrit James Frey ici. Car si la dépendance est un enfer, son premier ennemi, le plus dangereux, c'est lui-même. Le roman oscille alors entre la description de la vie quotidienne d'un centre de désintoxication et la bataille que James se livre à lui-même.


De la rage et de la souffrance donc, mais aussi beaucoup d'émotion et de sentiments forts, proportionnels au manque et au désespoir que les pensionnaires ressentent.


Alors si vous n'avez toujours pas lu James Frey, remédiez-y...


Ah et pour la petite histoire, Oprah a de nouveau invité James Frey dans son émission pour la sortie de son prochain livre qui s'annonce tout aussi subversif que les autres. Dans ce livre intitulé The Final Testament of the Holy Bible il sera question d'un Jésus Christ qui "aurait des liaisons avec des hommes, engrosserait les filles" et "soignerait les malades et pratiquerait l'euthanasie"... Sortie le 24 août, attention ça va jaser !


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