Adieu ~ Jacques Expert

Le commissaire Langelier arrive au terme de sa carrière de commissaire de police. Au soir de son pot de départ, il décide de revenir sur une affaire retentissante, qui lui a valu de perdre sa famille et de voir cette carrière grandement compromise.

Nous voici donc repartis dix années en arrière, en 2001, lorsque plusieurs femmes et leurs enfants ont été retrouvés morts assassinés, leurs maris avaient quant à eux tout simplement disparus. A l’époque, Langelier, chargé de l’enquête, avait l’intime conviction que l’un des maris était le coupable. Mais face à une enquête au point mort alors que les meurtres continuaient, à une population en émoi et à des médias intraitables, Langelier s'était retrouvé dessaisi de l’affaire.

Peu de temps après, un suspect était identifié et arrêté. Pourtant, Langelier restait convaincu que cet homme n’était pas coupable et continuait de mener l’enquête de son côté et ce n’est que dix ans plus tard, lors de ce pot de départ, que l’incroyable vérité, sera révélée.

De Jacques Expert, j’avais déjà lu La femme du monstre, que j’avais plutôt apprécié malgré l’agacement que son sujet avait pu provoquer en moi. Adieu est différent, j’ai trouvé l’intrigue bien mieux construite et beaucoup plus intéressante. Il ne s’agit pas d’un polar au sens strict du terme, j'aurais d'ailleurs tendance à le qualifier de "polar psychologique". Ici, peu de sang et pas de chasse à l’homme effrénée, mais une enquête que nous suivons pas à pas en partageant les espoirs et les désillusions de Langelier, flic mystérieux voire torturée mais attachant.

Pourtant, ce n’est qu’aux toutes dernières pages que le voile se lève vraiment et que nous prenons en plein visage une vérité qui m'avait traversé l'esprit mais que je n'osais croire réaliste. Certains pourront peut être reprocher le style un peu procédurier de Jacques Expert, pour ma part il ne m'a pas dérangé outre mesure.

Une belle intrigue, un dénouement magistral et un suspense qui ne s’essouffle jamais, bref,  tous les ingrédients d’un très bon polar

Adieu de Jacques Expert
Chez Sonatine
 327 pages

A suivre :










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Moi vivant, vous n'aurez jamais de pause ou comment j'ai cru devenir libraire ~ Leslie Plée


Après TMLP et son sujet sérieux, retour à un peu de légèreté avec cette petite BD qui nous raconte les travers du métier de libraire dans une grande surface culturelle.

Leslie Plée est dessinatrice, elle tient d’ailleurs un blog qui n'est malheureusement plus alimenté (semble-t-il), mais difficile de nos jours de vivre de son art… Fraichement débarquée à Rennes pour suivre son cher et tendre, Leslie décroche un poste de libraire en CDI dans une grande surface culturelle (Cultura pour ne pas la nommer).

En réalité, de libraire elle n’a que le nom, car son poste se rapproche plus de celui d’une gestionnaire de stock voire de manutentionnaire que d’une libraire. Ici, le livre n’a pas une vocation culturelle, il est là pour faire rentrer de l’argent. Peu importe les classiques, les coups de cœurs et les conseils personnalisés à la clientèle : il faut vendre !

Entre supérieurs incompétents, collègues déprimés, clients épuisants et cartons de bouquins, Leslie Plée nous fait partager avec beaucoup d’humour son quotidien qui a quand même failli la mener tout droit à la dépression.


Leslie Plée vient de sortir un nouvel album L’effet kiss pas cool ou le journal d’une angoissée de la vie qui a l’air tout aussi drôle que celle-ci.

Moi vivant, vous n'aurez jamais de pause ou comment j'ai cru devenir libraire de Leslie Plée
Chez Jean-Claude Gawsewitch
91 pages

BD à suivre :










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La théorie du genre ~ André Delauré


Je vous présente ma première lecture cent pour cent numérique, c'est-à-dire d'un livre uniquement disponible au format numérique. Et oui, c’est aussi ça lire en numérique : avoir accès à des livres introuvables en librairies…

La théorie du genre, c’est l’histoire de Hamilton, un souris (et non pas une souris, c’est important pour lui) logeant dans la bibliothèque du bureau du directeur d’une banque bordelaise. Depuis son poste d’observation, aux premières loges de la vie quotidienne du personnel de l’établissement, Hamilton s’interroge sur nous, humains, sur nos comportements et les bizarreries de notre langue.

A travers les yeux de ce narrateur un peu particulier, nous voyons évoluer un Directeur de banque, insatiable Don Juan, son adjoint qui semble bien décidé à le faire tomber, son épouse bafouée et la sublime Dominique, nouvelle recrue et pièce maîtresse d’une redoutable entreprise de vengeance.

Car Dominique a un secret, elle n’a pas toujours été ce qu’elle prétend être aujourd’hui : une femme. Et Vincent, en bon charmeur qu’il est, ne va pas manquer de tomber dans le panneau. Les sept journées qui conduiront à sa déchéance sont relatées ici.


Quelle belle surprise que cette Théorie du genre ! Je reconnais avoir été au départ un peu désarçonnée par cette histoire de transsexuelle à l’ADN modifiée, je craignais d’ailleurs de me retrouver dans un livre de science-fiction… La réalité est en fait tout autre.

Ce récit est d’une drôlerie et d’une finesse assez remarquables. L’auteur, à travers le personnage de ce souris, joue avec la langue française de belle manière. J’ai trouvé particulièrement plaisant d’assister à une tranche de vies humaines, qui en fin de compte n’est pas si surréaliste que ça, à travers les yeux d’un petit mammifère souvent méprisé. Il se rit de nous et est touchant de sensibilité.

Une très agréable découverte qui me donne envie de poursuivre l’expérience des maisons d’édition numériques.

Je tiens d’ailleurs à remercier les éditions Numériklivres ainsi que Delphine pour ce partenariat.

La théorie du genre est disponible ici

La théorie du genre d'André Delauré
Aux éditions Numériklivres
3,99 €

Prochaine lecture numérique :










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TMLP ~ Gilles Rochier

Ou Ta mère la pute pour les intimes. Non je ne vous parlerai pas ici du nouveau groupe de Joey Starr, c’est bien d’une bande dessinée dont il est question.

Je le reconnais, c’est le nom de cette BD qui m’a d’abord attiré. Avouez qu’avec un titre pareil, cet album ne peut qu’éveiller la curiosité. C’est ensuite le sujet dont elle traite qui m’a intéressé : une bande de jeunes ados vivant dans une cité peu accueillante de Montmorency.

Que faire de ses journées quand on vit entouré de barres d’immeubles ? Alors ils s’occupent comme ils peuvent. Rien de bien méchant certes, ce ne sont pas des loubards comme « les grands » qui les martyrisent.

Si au départ Gilles Rochier nous décrit le quotidien de cette bande de jeunes, c’est un véritable drame qui constitue le cœur de cet album. Les temps sont durs et l’activité à laquelle certaines mamans sont contraintes de se livrer pour nourrir leur famille est un secret de Polichinelle, personne n’en parle mais tout le monde sait et c’est très bien comme ça.

Jusqu’au jour où une embrouille apparemment anodine autour d’une cassette (je vous rappelle qu’on est dans les années 80) va dégénérer pour une simple insulte : Ta mère la pute.

Ce qui m’a le plus frappé dans cette BD, c’est le côté parfois très enfantin des illustrations, les visages sont ronds, parfois grossier à l’instar de ces jeunes un peu maladroits mais très attachants. A l’opposé, la représentation de l’environnement, cette banlieue bien morose, cette « réalisation spectaculaire qui prélude à l’extension de la ville conçue dans un esprit futuriste » comme la voulaient ses instigateurs, m’a semblé beaucoup plus pointue.

Bien qu’elle soit truffée de scènes très drôles (je vous laisse découvrir ce que ces jeunes font aux gens qui ont le malheur de crever leurs ballons de foot), le sujet s’avère grave et même si l’on n’y trouve aucun apitoiement, la fin nous fait un peu l’effet d’une claque.J’ignore si cette histoire est vraie mais la tendresse avec laquelle elle est traitée m’a en tout cas beaucoup touché.
 
TMLP de Gilles Rochier
Aux éditions 6 pieds sous Terre
48 pages
BD achetée à la librairie Le merle moqueur

A suivre : 









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Les Fleurs de l'ombre ~ Steve Mosby

On peut parfois être tentés de se demander s’il est encore possible d’être original quand on écrit des polars. Le genre étant particulièrement florissant depuis de nombreuses années maintenant, le lecteur peut-il encore être surpris ? Eh bien oui, c’est ce qui m’est arrivé avec ce livre.

Son originalité tient d’ailleurs à son sujet. Dans ce livre, il n'est pas question d’une petite fille qui disparaît, mais d’une petite qui réapparaît un jour, sur la jetée d’une petite ville balnéaire, un sac à main contenant une fleur noire dans les bras. 

A partir de là, c’est un véritable labyrinthe savamment maîtrisé par l’auteur qui se met en place. Les époques et les narrateurs s’alternent sans jamais laisser le lecteur au bord de la route. Cette réapparition est en fait tirée d’un livre, Les fleurs de l’ombre, écrit pas un certain Robert Wiseman en 1991. L’auteur aujourd’hui décédé, un ancien ami à lui, écrivain également, décide d’en écrire la suite, jusqu’à ce qu’il meurt dans des circonstances étranges lui aussi. Son fils Neil, qui tombe sur les documents de travail de son père et sur ce fameux livre, décide de mettre un peu de lumière dans tout ça et de mener l’enquête. Pas pour le plaisir ni pour rendre hommage à son père, mais parce que sa petite amie enceinte vient d’être kidnappée par une personne se présentant comme le tueur en série protagoniste des Fleurs de l’ombre. Réalité, fiction, Neil va essayer de démêler le vrai du faux. 

Et la petite fille me direz-vous ? Elle est au centre de l'histoire. Qui est-elle, qu’est-elle devenue ? Ces questions constituent le fil conducteur de ce livre.

Je dois reconnaître avoir été assez bluffée par ce nouveau livre de Steve Mosby. Certes j’avais déjà beaucoup aimé Un sur deux, son précédent polar mais celui-ci lui est largement supérieur. De par son intrigue originale bien sûr mais également de par la maîtrise de Mosby de son récit. Tout arrive au bon moment, le suspense y est savamment orchestré et l’écriture agréable vient parfaire le tout. 

Je me suis laissée totalement transportée par cette histoire sinueuse entre les époques et les personnages. Quant au dénouement final, je ne l’ai pas vu venir. J’aurais juste tendance à regretter le côté un peu soudain de ce dénouement, mais  c’est  vraiment le principe de trouver un point négatif car cela ne gâche en rien la lecture. 

Encore une fois, les éditions Sonatine m’ont régalé et je tiens à vous prévenir : mes deux prochaines lectures seront aussi des livres publiés par cette maison d'édition. Quand on aime on ne compte pas n'est-ce pas (et pour les mauvais esprits, je précise que je n’ai pas passé de partenariat avec cette maison d’édition).

Les fleurs de l'ombre de Steve Mosby
Chez Sonatine éditions
354 pages
Livre offert pour mon anniversaire (merci Mathilde !)

A suivre :










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Une cabine téléphonique ? Non, une bibliothèque !

Après les little free libraries dont je vous parlais il y a quelques mois, je vous présente les cabines téléphoniques / bibliothèques.

Une fois encore, cette initiative nous vient des Etats-Unis, de quoi nous faire ravaler les préjugés que nous, européens, pouvons nourrir sur le rapport des américains à la lecture…


Implantées en plein cœur de Manhattan, ces cabines téléphoniques d’un genre nouveau visent à rapprocher les new yorkais des livres en leur permettant de choisir parmi plusieurs titres dans l’espoir qu’ils déposent en échange un nouveau livre dans la cabine.

En pratique, sur les deux bibliothèques installées jusqu’à présent, l’une a été utilisée correctement alors que l’autre a été tout simplement dévalisée (pour ne pas dire vandalisée). Mais John Locke ne compte pas s’avouer vaincu et a bien l’intention d’installer d’autres cabines très prochainement.

Une belle initiative en tout cas. 

Source

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