Le grand partout ~ William T. Vollmann

A la lecture de la quatrième de couverture, on s'attend à trouver dans ce livre le récit d'un voyage à travers l’Amérique dans la pure tradition des hobos, ces vagabonds américains qui ne voyagent que par la voie de train de marchandises. On s'attend à des anecdotes et à un fil conducteur surtout. En fait c'est un peu plus subtil que ça...


Lassé de sa vie monotone à Sacramento, Vollmann entreprend de parcourir les Etats-Unis tel un hobo, à bord de trains de marchandises, accompagné de son ami Steve. Sa direction ? Nulle part, ou plutôt partout, le Grand partout, un état de plénitude qu'il espère croiser au détour d'une voie ferrée, sa Montagne Froide comme il dit.

S'inscrivant dans la continuité de Jack London et de Kerouac, Le grand partout est un hymne à la liberté, une louange à cette façon bien singulière de voyager et remarquablement américaine. Nous ne sommes pas dans le descriptif d'un quotidien mais plutôt dans le ressenti d'une aventure. Tout au long du livre, on se demande pourquoi Vollmann, qui n'a a priori rien de semblable avec les personnages qu'ils croisent au bord des chemins de fers, veut s'enfuir., pourquoi la même phrase lui revient toujours en tête comme un rengaine "Il faut que je me tire d'ici !". En guise de réponse, deux phrases qui m'ont interpellé :

"Tout ce que je sais, c'est que même si je suis plus libre que beaucoup de gens, je veux l'être encore d'avantage."

"Je crois au mythe américain selon lequel il est admirable, et même possible, de consacrer sa vie à un rêve."

Parce que ce livre est aussi une critique de l'Amérique de Bush vue depuis le wagon d'un train de marchandise. Une Amérique du tout sécuritaire où l'individualisme est roi. Au fil de ses rencontres, on fait connaissance avec un monde parallèle, à mille lieux de ce pays désabusé, aux personnages écorchés qui préfèrent désormais demeurer tapis dans l'ombre.

Ce livre emprunt de poésie, à la fois récit de voyage, pamphlet anti-Bush et réflexion sur la liberté,  fait un bien fou. On se surprend même à avoir nous aussi envie de partir, de tirer une croix sur un quotidien parfois étouffant...

Je ne résiste pas à l'envie de vous montrer un aperçu du livret de photos prises par Vollmann qui clôture le livre qui témoignent de son vécu et qui permettent de mettre des visages, si abimés soient-ils, sur des noms.


"Et si on avait tous envie de se tirer ?"

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1 commentaire:

Ingannmic, a dit…

Je l'ai acheté récemment, séduite par le thème, et la beauté de l'objet (les photos sont très touchantes), et ton avis me rend impatiente de le lire...

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