Il y a des livres dont on sait, avant même d'en commencer la lecture, qu'ils provoqueront en nous un certain malaise. C'est le cas de Sukkwan Island. Beaucoup chroniqué sur la blogosphère littéraire, je n'ai quasiment lu que des critiques positives et surtout très intrigantes le concernant. Pourtant, une bibliothécaire pas très finaude a bien failli tout gâcher....
Sukkwan Island, c'est l'histoire d'un père qui emmène son fils de 13 ans passer une année dans une cabane située sur une petite île isolée d'Alaska qu'il vient tout juste d'acheter. L'occasion pour un père divorcé et son fils d'apprendre à se connaître Face à une nature sublime mais sauvage, ils vivent de chasse et de pêche et se retrouvent isolés, obligés d'affronter en tête à tête l'hiver qui arrive.
Très vite, un malaise va s'insinuer dans ce huis clos. La faute à Jim, ce père qui se révèle être un homme lâche et sans grand intérêt, qui ressasse ses erreurs à ce fils qui n'a pas à les entendre. A partir de là, tout va crescendo, jusqu'au jour où...
Si je devais réduire ce livres à quelques mots, je dirais : retournement de situation. Je suppose d'ailleurs que chez n'importe quel lecteur, l'énorme revirement qui intervient dans le livre a dû faire l'effet d'un coup de tonnerre. Mais pas pour moi. Je tiens tout particulièrement à remercier Madame la bibliothécaire de mon quartier pour sa petite note sur le livre où elle a si subtilement indiqué "un revirement de situation énorme page machin". Intelligent n'est-ce pas ? Du coup je me suis retrouvée à passer les xxx premières pages du livres à attendre ce monumental revirement de situation et à forcément me retrouver déçue et pas du tout surprise lorsqu'il a eu lieu... De quoi vous flinguer une lecture. Dieu, merci, le talent de David Vann se suffit à lui seul et m'a permis d'énormément apprécier ce livre.
En essayant de me mettre dans la peau d'un lecteur lambda, qui n'a pas eu à subir la bêtise de cette personne (à qui je vais demander de supprimer cette note collée à la première de couverture), je me dis que ce livre a quelque chose d'exceptionnel. D'une part dans la manière de décrire cet environnement, cette nature qui se révèlerait presque être un personnage à part entière du livre. Et d'autre part dans cette façon de retourner le récit en une seule phrase quitte à laisser son lecteur cloué sur place.
Que les choses soient claires : ce livre n'est pas un moment de plaisir, c'est dur, c'est violent mais quand vous le refermerez, vous ne serez plus tout à fait le même et ça, ce n'est pas si fréquent. Ce livre est d'autant plus troublant quand on sait ce qui se cache derrière. Je n'en dirais pas plus ici de peur d'en dire trop sur l'intrigue, mais je suis disposée à parler si vous me le demande...
Sukkwan Island de David Vann
Aux éditions Gallmeister
200 pages
A suivre :
6 commentaires:
Complètement stupide cette note sur le livre de la part de la bibliothèquaire ! Dans le genre "je vous boussille une lecture....". Je l'ai lu sans aucun avertissment et l'évenement m'a profondement choqué. C'est un livre qui fait mal mais qui est pour moi important.
Je suis tout à fait d'accord avec ta chronique !
Et ta bibliothécaire n'est vraiment pas douée, je peux comprendre que pour certaines personnes, il faut prévenir de la dureté de ce roman mais de là à donner la page du revirement de situation... pfff !
la bibliothécaire n'aime pas les livres ,ce n'est pas possible autrement ;
tu m'as donné envie de lire ce livre, et j'aimerais que tu me dises ce qui se cache derrière
Et un de plus dans ma liste... Ca donne envie!
Ma bibliothécaire ne résume jamais et ne met pas ce genre de choses... ouf!!
En dehors du faux-pas ignoble de la bibliothécaire, tu m'as donné, une fois de plus, envie de me jeter sur un bouquin ! Je prends note.
Je ne sais pas si tu as lu mon tweet d'hier: mais je l'ai lu dans la journée. Et rien qu'à relire ton article: les larmes me montent aux yeux. Ce livre est bouleversant au possible tant le décalage entre Jim et Roy est bien plus grand qu'un simple fossé générationnel.
Je crois que c'est la première fois depuis des mois que j'ai ressenti autant de choses avec un livre.
Pour ma part, c'est une grosse claque, de plein fouet. Je crois que le pire c'est que je n'ai pas pu m'empêcher de me mettre à la place de Roy et c'est limite si j'ai pas fait une crise d'angoisse à un moment donné..
Quoiqu'il en soit, merci merci pour m'avoir donné envie de lire ce bouquin.
P.S.: pour la petite anecdote au sujet de la boulette de la bibliothécaire, je ne sais pas pourquoi mais j'avais en tête que la page était la 48 qui tombe au passage de l'ours ! Certes, c'est un moment-clé de l'histoire mais je ne voyais pas en quoi c'était si choquant ..
Rahlala blonde_inside. Au moins, après, j'ai eu ma claque ^^
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