Ça ne vous aura pas échappé, nous sommes en pleine période de remise de prix
littéraires. C’est Alexis Jenni qui s’est vu attribuer hier le prix Goncourt
pour son premier roman L’art français de la guerre alors qu’Emmanuel Carrère a
obtenu le prix Renaudot pour son Limonov.
Vous
avez peut-être eu vent de cette petite polémique qui entoure le Goncourt de
cette année. Quelle bien étrange coïncidence que Jenni, publié chez Gallimard,
obtienne le Goncourt l’année même où ladite maison d’édition fête ses 100 ans. Ca
n’aura surpris personne en tout cas…
On
se souviendra aussi du couronnement tant attendu (et annoncé) de Michel Houellebecq qui avait obtenu l'an passé le prix Goncourt avec son roman La carte et le territoire. L’édulcoration de son style y est-il
pour quelque chose ? Houellebecq a-t-il obtenu le Goncourt pour ce roman
car il était moins subversif que les précédents ou ce roman était-il moins subversif
que les précédents justement pour se voir attribué le Goncourt ? Je l’ignore,
mais en tout cas je m’interroge.
Toujours
est-il que s’il y a bien une chose qui ne m’influence pas dans ma décision de lire (ou
non) un livre c’est bien les prix littéraires. Quoique j’aurais même tendance
à ne pas avoir envie de les lire, exception faite des prix des lecteurs
auxquels j’accorde un peu plus de crédit.
Pourquoi
donc ? Parce qu’à mes yeux, le Goncourt, le Fémina, le Renaudot et autres sont des événements très parisiano-parisiens à l’occasion desquels les différentes sphères du
petit monde de l’édition s’autocongratulent. La complaisance n’est jamais bien
loin… Pourtant, la conséquence sur les
ventes de livres est certaine : 400 000 exemplaires vendus en moyenne
pour le Goncourt, 198 000 pour le Renaudot, 156 000 pour le Femina. Énorme
n’est-ce pas ?
Ces
chiffres me font penser à cette passionnante interview parue sur Rue 89 il y a quelques
jours. Frédéric Rouvillois qui a mené une enquête intitulée Une
histoire des best-sellers nous apprend notamment que l’ "on
a pris l'habitude de truquer [les chiffres de vente] depuis le XIXe siècle, et on le
fait de plus en plus systématiquement depuis que le chiffre de ventes est
devenu un critère capital."
Mais ce qui a surtout retenu mon attention, c’est
cette phrase "Ce n'est pas la qualité qui fait vendre. Dans le cas des
best-sellers, les gens achètent par obligation, par suivisme ou par snobisme
intellectuel." A mes yeux, il en va de même avec les livres primés, qui deviennent d'ailleurs des best-sellers.
A mon sens, ces
prix ne témoignent pas de la qualité des livres, ni de leur piètre qualité d'ailleurs, et je ne leur accorde aucun crédit. Ils visent avant tout à les faire
entrer eux et leurs auteurs dans le petit panthéon des titres primés. Et puis il y a tellement de livres qui gagnent à être lus...
"Un
écrivain qui reçoit un prix littéraire est déshonoré."
Paul Léautaud
Et vous les prix littéraires, vous y accordez de l'importance ?